Projet AGROSEM
Les productions de semences doivent répondre à des normes de certification et font généralement l’objet de nombreux traitements chimiques. En tant que cultures mineures, elles sont cependant confrontées à une forte réduction du panel de produits phytosanitaires disponibles. Le réseau d’expérimentation envisagé vise à actionner tous les leviers de l’agro-écologie pour gérer les bioagresseurs sans faire appel aux produits phytosanitaires de synthèse.
Enjeux et objectifs
En production de semences, pour certaines espèces comme les céréales à paille, l’itinéraire technique de production est proche de celui des cultures destinées à la consommation, mais les exigences de qualité sont bien distinctes : teneur maximale en graines d’autres espèces, faculté germinative minimale de 85%, teneur maximale en ergot… Pour d’autres espèces, le cycle de la culture porte-graine est bien spécifique : en carotte par exemple, la production de semences dure une année entière, contre quelques semaines en maraîchage. La conduite de la culture est de ce fait très différente.
Pour gérer les problématiques singulières des productions de semences, de moins en moins de produits sont disponibles, ce marché de niche présentant un intérêt modéré pour les firmes phytosanitaires il subit comme le reste des productions agricoles une diminution des substances autorisées. Le risque de futurs usages orphelins est fort.
Au-delà de l’enjeu environnemental, la recherche de solutions non-chimiques pour la gestion des bioagresseurs est donc une question majeure pour la pérennité des cultures porte-graine.
Le réseau d’expérimentations Agrosem (3 sites) vise à tester des combinaisons de leviers agroécologiques dans le but de produire des semences de qualité sans utilisation de produits phytosanitaires de synthèse.
Stratégies testées
Toutes les cultures de la rotation sont en production de semence. Le dispositif comprend 8 bandes pour les 8 cultures de la rotation de 8 ans, mais pas de répétition (répétitions annuelles), ni système de culture de référence. Il comprend aussi des bandes fleuries et bandes enherbées pour créer des refuges favorables aux auxiliaires généralistes.
Les principaux leviers agroécologiques mis en place sont les suivants :
- Rotation longue et diversifiée : blé +luzerne A0 > luzerne A1 > sarrasin + fétuque élevée A0 > fétuque élevée A1 > pois de printemps > oignon ou carotte > betterave > haricot ou carotte
- Réduction des cycles : carottes et betteraves plantées pour éviter la période où elles ne couvrent pas le sol
- Implantation décalée dans le temps : semis tardif du blé en dehors de la période de levée des ray-grass et/ou vulpies, plantation des oignons au printemps pour éviter le mildiou en hiver
- Cultures sous couvert la première année pour les pluriannuelles
- Association de cultures : pois protéagineux associé à de l’orge de printemps en plante de service pour couvrir le sol et faire tuteur
- Fertilisation azotée ajustée à la dose du bilan azoté ou à la dose bilan -15%
- Utilisation de produits de biocontrôle
- Désherbage mécanique et augmentation de la densité sur le rang pour les cultures binées
Résultats attendus
Plusieurs types d’indicateurs vont être collectés : pression de bioagresseurs (présence d’adventices / maladies / ravageurs), itinéraires techniques et IFT biocontrôle, rendement et qualité produite (faculté germinative, pureté spécifique, qualité sanitaire …), temps de travail, coûts de production…
Cette expérimentation-système va également permettre d’échanger sur les échecs et réussites des leviers mis en œuvre, lors de la communication des résultats, des visites de site, des comités de pilotage, etc. Les protocoles pourront ainsi évoluer.
Enfin, quand une combinaison de leviers intéressante sera identifiée, elle sera proposée aux agriculteurs volontaires du réseau DEPHY Ferme pour une mise en place à l’échelle d’une exploitation agricole.